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RENCONTRE

vàn, fondatrice de nuage sauvage et trà art

Van-est-au-sommet-d_une-montagne-à-Hà-Giang

maison 123
Autumn 2024

vàn

 À la découverte des thés des forêts vietnamiennes dans son atelier parisien. 

Pouvez-vous vous présenter et présenter Nuage Sauvage?​

 Je m’appelle Van, qui signifie Nuage Sauvage en vietnamien.  

Nuage Sauvage c’est d’abord mon prénom, mais c’est aussi ma marque de thé sauvage qui pousse en altitude et dont chaque feuille peut toucher les nuages. 

En 2017, je quitte mon travail dans la production industrielle. Je voulais faire autre chose et j’ai beaucoup voyagé au Vietnam pour me reconnecter avecmes origines. Là-bas je découvre une forêt de thé et c’est la première fois de ma vie que je vois un thé dans la forêt, en liberté, avec des arbres immenses de cinq à dix mètres de haut.C’est aussi la première fois que je déguste un thé de forêt authentique, et ça a été un vrai coup de cœur. 

Cette année-là, je rencontre des petits producteurs et je décide de me lancer dans le projet avec une coopérative locale. 

"NUAGE SAUVAGE, C'EST MA MARQUE DE THÉ SAUVAGE QUI POUSSE EN ALTITUDE"

Vân

Avez-vous toujours eu une passion pour le thé ? 

Pas du tout, avant je buvais du thé comme une boisson mais il ne m’inspirait pas, je ne ressentais pas de vibrations.  

Depuis, j’ai découvert que le thé a une histoire, une vie, une liberté dans la forêt et c’est tellement grandiose, c’est tellement parlant. C’est aussi un autre thé que celui que je buvais avant. Ce thé sauvage est tellement doux, et on ressent beaucoup le côté sauvage et boisé. Il parle du lieu d’où il est né, et nous raconte beaucoup d’histoires. 

Que représente le thé au Vietnam ? 

N’importe où vous irez, vous trouverez toujours du thé proposé.Dans la rue c’est assez caché, mais il y a des stands presque partout, surtout pour les personnes qui travaillent toute la journée dehors. C’est une boisson rafraîchissante et souvent servie très amère pour réveiller. C’est pour ça que nous avons très mauvaise réputation mais cela fait partie de la culture populaire pour lutter contre la chaleur, la fatigue. Nous n’avons pas de cérémonial autour du thé comme dans la culture chinoise ou japonaise, au Vietnam le thé c’est le partage, c’est la dégustation pour partager. Il n’y a pas de codesmais une philosophie du thé, chacun prépare le thé à sa manière pour proposer aux autres de déguster sa version. 

Avant, même le roi devait préparer son thé et le partager avec les autres. C’est également ainsi dans notre façon de manger, tout est autour du partage. On pioche tous dans les plats, ce n’est pas chacun son plat. Je pense que cette culture a beaucoup d’influence sur la culture du thé on a une manière de boire de thé qui est très conviviale et très libre.

D’où vient votre thé ? 

La majorité de mon thé sauvage vient de la forêt d’Ha-Giang, une région proche du nord de la Chine. Mais je sélectionne aussi du thé d’autres ateliers que je choisis pour leurs spécialités et spécificités. 

Racontez-nous vos séjours au Vietnam  

J’essaie de passer le plus de temps possible sur place, au moins deux mois par an et plutôt au printemps car les récoltes premium sont à ce moment-là :le thé est plus juteux et plus savoureux.  

À chaque voyage, j’essaie d’aller à la rencontre des jeunes générations. Grâce à ma coopérative et mon producteur, je vais à l’école pour instruire les enfants sur l’art et l’histoire du thé pour qu’ils soient fiers de leur culture, et ce sont toujours des moments hyper forts.

"Il n’y a pas d’école, c’est transmis de génération en génération."

Vân

Comment se déroule le moment de la cueillette ?  ​

Dans la culture de thé industriel, les jardins et les plantations sont clôturés et on utilise des machines. Dans la culture en forêt, en montagne, les cueilleurs des différents villages vont partir le plus loin possible pour revendre leurs feuilles fraiches aux ateliers qu’ils préfèrent ou qui paient le plus.  

De mon côté, j’y vais lorsque les feuilles sont fraîches et je sélectionne des lots dans les ateliers avec lesquels je travaille, seulement quelques producteurs. J’ai fait ce choix pour avoir des lots très spécifiques dans une sélection bio et haute de gamme.  

Travailler dans le thé est un métier très difficile. On travaille énormément on dort peu car il faut toujours préparer, flétrir, sécher, et si on ne fait pas attention, le lot peut être à jeter. Si on rate, on n’a rien avant le printemps d’après donc c’est une grande responsabilité. Il n’y a pas de machines dans l’artisanal, tout est fait à la main, au nez et à l’expérience.  

Chaque jour est différent selon le temps qu’il fait, s’il fait trop chaud, s’il pleut trop fort, on peut tout arrêter. C’est comme ça on écoute la nature et on attend. 

Il n’y a pas d’école pour l’apprentissage, c’est beaucoup transmis de génération en génération. 

Vân cueille du thé

Vân cueille du thé

Combien de variations de thé avez-vous ? 

Nous avons une dizaine de thé et couleurs de thé. Du thé blanc, vert, noir, jaune, oolong, pur, fermenté et des lots exceptionnels. Nous avons aussi des mélanges que je fais avec des épices et des fleurs vietnamiennes pour différencier notre thé et montrer son authenticité. 

Chaque année, le nom est le même mais le thé est renouvelé, évoluant selon la cueillette. 

Quelles sont vos envies pour l’avenir ?  

Mon ambition est de promouvoir la culture du Vietnam en général. Je veux raconter comment nous voyons la vie, comment nous la célébrons.  

J’ai aussi un rêve ramener ici dans ma boutique, qui est aussi une galerie de dessins de talents vietnamiens, l’exposition photoque j’ai faite au Vietnam en 2018. Toujours pour promouvoir  la culture du thé de forêt avec une exposition sensorielle.